Théodore Gouvy, son œuvre

Elle comprend 90 numéros d'opus publiés de son vivant et 70 inédits, soit plus de 200 compositions, dont :

24 pour grand orchestre (dont 9 symphonies), un énorme répertoire de musique de chambre pour toutes sortes de formations, des grandes œuvres religieuses, Requiem, Stabat-Mater, Missa Brevis, Cantate Golgotha, 3 cantiques, 5 grandes cantates profanes et 2 opéras, le Cid et Fortunato, ainsi que des chœurs a capella et près d'une centaine de mélodies françaises ou lieder allemand, pour 1 ou 2 voix avec piano.

 

Il est difficile de porter un jugement d'ensemble sur Théodore Gouvy et sa musique. Ses œuvres impliquent une conception de la musique instrumentale pure, sur laquelle il a basé son idéal. Refusant le règne de l'opéra et de la musique de virtuoses, il se consacre presque essentiellement à ce qu'il nomme « la musique sérieuse ». Il s'exprimera en plusieurs occasions sur cet idéal, dont il se fera l'ardent défenseur.

 

Parfaitement bilingue, il offrira vite l'image d'une personne possédant cette double culture qui influencera obligatoirement ses orientations artistiques. Une des particularités de son œuvre sera la réunion de ces éléments français et allemands qu'il saura parfaitement maîtriser. Ils lui apporteront cette force le caractérisant et feront de lui un européen avant l'heure.

 

Très soucieux de la forme et possédant une réelle science de l'écriture, il reste néanmoins assez classique. Ayant horreur du spectaculaire, il croit à la simplicité, à la discrétion et à la beauté harmonique, dans un temps où l'on aime plutôt le clinquant et le tapageur. Sa musique témoigne d'un romantisme sentimental et agréable. Élégante, d'une grande finesse, elle ne manque pas d'invention, car il foisonne d'idées. Elle frappe par sa vivacité, sa diversité rythmique et par de jolies mélodies.

 

Même si l'influence allemande est forcément présente, pour les allemands, il reste musicalement français. Peut-être rêve-t-il à une synthèse entre les deux, entre clarté et élégance française et profondeur allemande ; le sérieux allemand, allié à la légèreté française?

 

Sa biculture franco-allemande et son anti-wagnérisme en font une figure emblématique de la musique du 19ème siècle.

 

Il est joué sur les meilleures scènes de Paris et de Province, ainsi que sur celles des capitales musicales européennes d'alors : Berlin, Leipzig, Halle, Cologne, Dresden, Duisbourg, Munich, Wiesbaden, Francfort, Berne, Lausanne, Amsterdam, Londres, Bruxelles, Vienne...

 

Au cours de son existence, il fait connaissance avec tous les musiciens célèbres de son temps, et sut s'en faire apprécier. Une correspondance abondante corrobore ses liens d'étroite amitié, ses relations suivies avec les plus connus d'entre eux et démontre qu'il fut un témoin important et un des grands compositeurs de la 2ème moitié du 19ème siècle.

 

Consacré Maître parmi les compositeurs et considéré par ses pairs comme leur égal, il est joué par les plus grands artistes de son époque, sur les plus grandes scènes d'Europe et même au-delà. Les distinctions les plus importantes lui sont décernées.

 

Après avoir été l'un de ses premiers membres, il est nommé au Comité de la Société Nationale de Musique. Le Ministère autorise la Direction de l'Académie des Beaux Arts à souscrire pour ses symphonies. Cette même Académie lui décerne le Prix Chartier. Décoré de la Légion d'Honneur, il est également nommé membre du Comité de la Société des Compositeurs et membre du jury d'examens des quatuors et des symphonies. Ses nominations comme Membre Correspondant de l'Institut, pour remplacer à sa mort Anton Rubinstein, bientôt suivie par celle de Membre de l'Académie Royale des Arts de Berlin, couronnent sa carrière.


Pour en savoir plus sur Théodore Gouvy